La horde 11 ( sur 19/20): bintôt la fin !

Bon, ils détenaient la technologie la plus avancée mais ne brillaient pas par leurs valeurs qui pouvaient se résumer en un mot : le béralisme, c’est-à-dire la loi du plus fort.
Nous vivions à l’ère de la communication. Nous étions ivres de communication. Communiquer était une fin en soi.
Le tam tam était devenu portatif, avait été miniaturisé. Malgré l’interdiction, nombre de concitoyen(ne)s l’utilisaient en marchant, en conduisant leur char: ils provoquaient confusion et accidents.
Récemment intertam était né avec la puissance accrue des tams tams. Tout le monde communiquait avec tout le monde, la frénésie gagnait toutes les couches sociales et toutes les tranches d’âge de la horde.
Le sens des communications disparaissait sous leur nombre. On discutait de tout et de rien, toujours à la recherche de nouvelles nouvelles, de sensationnel.
La frontière entre le réel et l’imaginaire avait disparu: la propagande était reine. La puissance dépendait presque autant d’elle que des armes.
Et voilà que dans cette époque de fureur, de confusion, de manipulation, Ferry Boat, le successeur
de C.Vinaigre au grade de GFMTTDF, avait lancé une grande consultation hordienne sur l’initiation: assemblées, réunions, colloques, palabres n’avaient pour but que de déboucher sur les conclusions attendues par Raquot, Big Raf et les leurs: revenir aux vraies valeurs! Remettre les jeunes dans le droit chemin, celui du savoir, de l’obéissance, du conformisme.
Notre société vivait dans un simulacre de démocratie: consultations et discussions ne visaient qu’à masquer et faire oublier les véritables ravages du pouvoir: clans, sectes, partis, sociétés multihordiennes...
On renvoyait les parents à leurs responsabilités et l’initiation à son devoir. Mais comment faire comprendre, accepter et adopter par les jeunes des valeurs que les dirigeants bafouaient chaque jour?
_La justice? Big Raf, Raquot et les leurs avaient déclaré ce qu’ils en pensaient à propos de la récente condamnation de Jépu-oeuf de Lump.
_La tolérance? Les différents partis refusaient de cohabiter, se renvoyaient systématiquement la responsabilité de leurs échecs.
_Le respect de la parole donnée? Jépu s’était engagé, en cas de condamnation, à quitter la politique;or il venait de faire appel de sa condamnation, et ses amis pesaient de tout leur poids afin d’orienter sa décision définitive.
Une remarque sur les faits qui avaient entraîné la condamnation de Jépu: il la devait à des emplois fictifs. Des emplois fictifs à une époque où sévissait le chômage!
Cette condamnation, si elle était confirmée en appel, ferait la joie de Sarko, Sarko qui me faisait de plus en plus penser à un personnage qu’il faudrait inventer, un raminagrobis jouant le bienveillant, mais prêt à croquer tout le monde pour arriver à la place de Raquot.
La horde se coupait de plus en plus de ses valeurs : morale, tolérance, respect de l’autre, ouverture d’esprit, solidarité, pour se soumettre aux lois de la concurrence et du marché, et on attendait de l’initiation qu’elle impose ces vraies valeurs aux jeunes!
Douce schizophrénie!
Le hordien moyen pensait, car on le lui faisait croire, que les meilleurs étaient ceux qui arrivaient financièrement, politiquement,sportivement...Arriver avant les autres, au-dessus des autres, par-dessus les autres, vous rendait meilleur qu’eux. On oubliait alors les moyens que vous aviez utilisés. Tricherie, traîtrise, dopage fleurissaient .
On peut même se demander si un homme politique honnête eût été crédible.
Qui aurait placé sa confiance en un dirigeant qui aurait pu se faire arnaquer par des gens moins honnêtes que lui?