Dico de Paul

Courriel:
Pour lutter contre l’actuel reflux de foi, l’Eglise a créé un nouvel archange .Gabriel s’est malheureusement fait connaître en annonçant deux naissances, celle de Jean-Baptiste ,décapité, et celle de Jésus, crucifié. Michel était fatigué de lutter contre tous les dragons, terrorisme, mondialisation...et de peser nos âmes. Raphaël avait tourné alcoolo. Courriel porte désormais tous les espoirs.. et toutes les nouvelles.

Curriculum vitae:
Né, lavé, pesé, emballé, vacciné, scolarisé, administré, budgetisé , normalisé, évalué, dévalué, lobotomisé, robotisé, orienté, désorienté, employé, désoeuvré , embauché, débauché, fidélisé, sondé,
anal-ysé, audimaté, cablé, ciblé, traité, assisté, sécu-risé, assimilé, marginalisé, embrigadé, politisé, accessoirisé, badgé, bagué, pacsé, informé, désinformé, déformé, augoûtdujourisé , manipulé, râpé, rapé, conditionné, compté, chômagisé, licenciéconomisé, retraité, voyagengroupisé, trimballé,pompefunèbrisé, décompté, statistisé.
Aimé?
Cuticule:
Ayant déboutonné sa première peau
Il l’a fait glisser avec précaution
Avec un petit claquement sec
Il a sorti chacun de ses doigts de leur enveloppe
A la fin, la peau est retombée à ses pieds
Il a fait pareil pour la deuxième, la troisième
Et toutes ses autres peaux
Sans oublier les toutes petites, autour des ongles

Conscience:
A fleur de peau la vie court
Electrique
Douce elle s’insinue sous la conscience
Décollée d’un coup de langue humide
De sa paroi de verre
Il n’y a qu’un trou béant
Haletant du vide accordé
Au rythme du temps
Fourreau insaisissable qui nous précède dans le
Présent.

Dédoublement :
Cher toi, ou cher moi ?
Cher
Tu es en train de t’écrire, ou de m’écrire, et c’est en écrivant qu’on devient écrivain. Il n’est donc pas vain d’écrire.
Mais s’écrire à soi ? Est-ce que le ver à soi s’écrit ?
Et si tu t’écris, t’écries-tu concomitamment ?
Il vaut mieux que tu t’écrives dans le silence et la réflexion, loin des émois ; c’est alors que tu réfléchis à ce que tu t’écris, et te réfléchis en te dédoublant puisque c’est à toi que tu écris. A tu et à toi.
Bien à toi.
Moi

Merci pour tes recettes presque journalières, Paul. Ton restaurant mérite des étoiles. Serais-tu un élève du chef-cuisinier Raymond Devos?

Dérembourser:
On a pris la décision de dérembourser certains médicaments qui n’auraient pas prouvé leur efficacité.
Pourquoi ne pas aller plus loin et ne pas dérembourser systématiquement tout ce qui n’est pas efficace ? Il faudrait d’abord mettre au point une méthode pour distinguer ce qui est efficace de ce qui ne l’est pas. Vérifier ensuite que cette méthode est bien efficace...
Le préfixe dé- ainsi employé marque le retour à la situation initiale tout en signalant une étape intermédiaire: l’absence de remboursement avant la création de la sécurité sociale (ou du médicament), le remboursement dudit médicament qui a coûté si cher pour rien, et le retour à la case départ.
Imaginons ce même préfixe utilisé dans d’autres circonstances:
_”A partir d’aujourd’hui, je détravaille.
_C’est pas sérieux, tu déconnes.”
_”Je dévis.”
_”Ciel, il a dévécu, il va être rayé de la sécu.”

Dermatologie:
Quand l’âge est là, un lifting intellectuel régulier s’impose afin de retendre les idées. Sinon elles sèchent et le film de la vie se transforme en un tas de pellicules,cuticules et pensées mortes. Manque de peau, ce traitement cutané tanne le cuir psychologique, file parfois des mycoses de l’imagination, s’accompagne en quelque sorte d’effets secondaires qui font suer. Merde au derme!
Quand l’imagination titille, écrire sur du parchemin de peau de zébu déride. La mycose provoque alors des cloques, des ampoules, des cals de la pensée; le parchemin devient peau de vache.
Défoulement, relâchement des pores. Un bon coup de soleil illumine la vie...suivi d’un lifting intellectuel..d’un bon coup de soleil...
Derviche tourneur:
Baratte musicale.
Désarticuler:
Avec l'âge, certaines maladies, il arrive qu'on désarticule... quand on a des problèmes de prononciation.

Dés) espoir:
Le coeur
Doucement
S’en est allé
L’oeil palpite
Dans la vasque
De ses mains
Démesurément il allonge le pas
Et s’enfonce à l’horizon
Du matin

Déguerre:
Le duché de Savoie se signalait au Moyen Age par sa suprématie guerrière. Chaque fin de conflit victorieuse se traduisait par un cri de déguerre, signifiant à chaque chevalier qu’il pouvait regagner sa demeure et goûter de nouveau à la tomme, la production fromagère locale, signe de paix et de prospérité. Le chef des armées proclamait :”Heaumes, si oui, tomme !” et l’armée reprenait en choeur cette formule.
Des observateurs anglais maîtrisant imparfaitement la langue française, constatant qu’après avoir dit cette phrase, chacun regagnait sa maison, traduisirent “Home sweet home”.
Après une guerre bien plus longue que les autres, les valeureux savoyards retrouvèrent dans leurs caves des tommes vieillies, à la croûte durcie, couverte de moisissures. Surprise et dégoût disparurent vite. La réputation fromagère de la région prenait naissance.
Si la Savoie avait été un comté...!

A l'époque du 14e siècle, au Comté de Flandre, on était heureux de faire partie du Duché de Bourgogne. Aucune sensation de se sentir dominés.
Au contraire, le Duc de Bourgogne aimait les flamandes, les tapisseries, les Primitifs et les conins de Flandre (conin = lapin, mais bien meilleurs que ceux de Garenne). Et grâce à lui on a pu développer l'Ars nova, la polyphonie. On n'aimait pas la guerre, la preuve en est la "messe de l'homme armé".

Décadence :
La guerre de Troie fut à l’origine de la première grande épopée occidentale. La guerre de trois engendra le vaudeville.
Décollation:
Action qui consiste à couper la tête.
Si l’on considère que la collation est un repas léger, on comprend mieux pourquoi la décollation entraîne un état anorexique grave et définitif.

Défunt:Rôle de décomposition.
Dégrossir:
Alors que maigrir signale une perte de poids en deçà du poids normal, dégrossir traduit un allègement en cours, alors que l’individu est toujours au-dessus de son poids de forme.
Dégrossir , c’est être sur la bonne voie sans avoir encore atteint le but fin

Détour :
Depuis le 11 septembre 2001, les images de l’évènement qui s’est produit aux USA sont restées dans toutes les mémoires.
On peut parler de stupeur –un étonnement profond- devant le caractère impensable, extra-ordinaire du spectacle qui était donné à voir en boucle par les télévisions. Le mot fascination convient pour nommer l’effet provoqué par la beauté de ces images, telle qu’il était impossible de fermer les yeux, d’éteindre le poste de télévision. (Petit Larousse, « fasciner » : attirer, dominer, immobiliser un être vivant en le privant de réaction défensive par la seule puissance du regard).
Nous étions fascinés par la beauté mortifère de ces images presque abstraites à cause des lignes parfaites des tours, du bleu éclatant du ciel. Cette beauté-contradiction morale ?- apportait la mort ! mais il nous était impossible de fuir ces images. Nous étions privés » de réaction défensive par la seule puissance du regard », de notre propre regard ! Et nous pouvons nous demander si, parfois, ce ne sont pas les images, et la télévision, qui nous regardent, qui regardent au fond de nous.
La fascination était d’autant plus grande qu’on ne voyait et qu’on ne comprenait rien. Si l’on part, en effet, du principe qu’on ne voit que ce qu’on comprend, on avait beau regarder, regarder encore, on ne voyait rien de la mort elle-même et on ne pouvait se représenter l’importance réelle de son impact.
On n’y comprenait donc rien.
Ces images n’ont atteint ni notre raison, ni notre logique, ni notre entendement. Leur beauté irréelle a laissé en nous un vide, celui de la mort et de son mystère.
Comme les nazis cherchant à fixer le moment précis de la mort par la photographie, nous avons fixé l’écran ( à la différence que nous ne donnions pas la mort) qui montrait tout, en dérobant l’essentiel à notre curiosité, à notre avidité de voir ce qui, au fond, reste toujours inaccessible. A l’éternel mystère de la mort s’ajoutait une dimension mythique.
Les objectifs atteints par les avions dépassaient le contexte contemporain des tours où s’affairaient de nombreuses personnes de nationalités diverses, rassemblées là plus ou moins par un langage unique, celui de l’argent : c’était Babel frappée par la mort venant du ciel.
Il faut redonner une dimension humaine à cet acte, sinon certains pourront penser que Dieu y est pour quelque chose, ce Dieu revendiqué des deux côtés : celui des Etats-Uniens, de leur hymne, celui de Ben Laden. Lequel est le bon ?
Notons que les Etats-Uniens, sûrs de leurs valeurs, de leur système, de leur organisation, étaient devenus aveugles et n’ont pas vu, ou lu, les signes annonçant la catastrophe ; alors que, paradoxe, Ben Laden, héraut proclamé de l’Islam, a su enfreindre les lois de celui-ci, qui interdit toute représentation humaine, en utilisant sa propre image pour défier les USA par vidéo interposée.

Dictionnaire des synonymes : (de l’abus du) HARMONIES
Le Monde est un sanctuaire où de frétillantes colonnes
Laissent épisodiquement émerger d’amphigouriques sentences
L’humain y circule à travers des futaies d’allégories
Qui le contemplent avec des yeux chroniques
Adaptation du 1° quatrain de Correspondances de Baudelaire
Dicton:
Pas de nouvelles
Bonnes nouvelles
Pas de panique
Bonne panique
Pas de vagues
Bonnes vagues
Pas de vis
Bonnes vis

Contraception:
Evite que l'éphémère devienne définitivement effet mère
Doute:
L’une des qualités fondamentales qui distinguent l’homme intelligent de l’abruti.
La tradition philosophique a toujours élevé le doute au rang de moteur de la réflexion.
Le cinéma lui aussi lui a rendu hommage. Michel Audiard fait dire à l’un de ses personnages:” Les cons ,çà ose tout. C’est même à çà qu’on les reconnaît”.
On sait mal cependant que le doute est le fondement même des sociétés traditionnelles africaines.
Il n’est que de citer un exemple connu de tous: le doute massaï.

Drague et musique:
En quête d’un divertissement, le musicien cherche une ouverture auprès d’une petite ronde. Elle marche, croit-il. Le voilà qui se pavane et pense déjà musique de chambre. Mais non, il faut d’abord en passer par les soupirs. L’accord parfait en deux tons trois mouvements, avec variations note contre note et point d’orgue, c’est du pipeau. Pas la peine de penser au trio, à la tierce, au contrepoint à trois ou quatre parties. Elle est pourtant canon!
Une liaison au moins, une petite fugue en duo! Elle a tellement de mordant! Il va tomber en syncope s’il ne tente pas l’accord parfait avec elle.
Silence et contre- temps. Plaqué ton accord! Doigté, jeu de virtuose, brio demeurent vains. Elle refuse de se mettre au diapason. Son numéro de soliste ne la fait pas vibrer. Son prélude reste sans suite.
Mineure, va!
Dromadaire:
Bosse deux fois moins que le chameau.

Drone:
Le drone est un véhicule aérien autonome.Destiné au départ à l’observation aérienne, le drone a beaucoup évolué.
Ne comportant pas de pilote humain embarqué, il se révèle d’une souplesse d’emploi extraordinaire en ce qui concerne son autonomie, ses trajectoires qui peuvent comprendre des accélérations insupportables pour un homme.
Destiné à l’observation, à l’espionnage, au guidage laser des bombes, le drone est devenu aussi une arme autonome.
Les versions les plus évoluées de ces véhicules aériens n’ont pratiquement plus besoin d’être guidées à distance: l’informatique embarquée assure une réelle indépendance de mouvement, ainsi qu’une reprogrammation permanente en cours de mission en fonction des situations rencontrées.
Doté de missiles et d’autres armes, le drone peut attaquer, se défendre, fonctionner en escadrilles...
On peut donc envisager qu’un jour la guerre cessera d’être une activité humaine.
Les hommes enverront des drones et des robots terrestres se battre à leur place. il faudra écrire une version “moderne” des Horace et des Curiace.
Par la suite, les hommes n’auront même plus à prendre la décision d’entrer en guerre. Les ordinateurs assureront cette responsabilité en fonction de paramètres indépendants des humeurs, des ressentiments, des émotions. On ne pourra d’ailleurs même plus parler de responsabilité: la guerre se déclarera presque d’elle -même, objectivement et scientifiquement, quand certaines conditions seront réunies; sans agressivité.
Les conflits entre clans, tribus, Etats, auront disparu. Seuls vaudront les enjeux économiques, puisque les sociétés, les groupes économiques, les multinationales ont tendance à se regrouper afin de devenir plus puissants. Le budget des sociétés les plus riches dépasse et dépassera de plus en plus celui des Etats.
Les hommes continueront à travailler, de plus en plus longtemps si l’espérance de vie et l’âge de départ à la retraite évoluent encore, pendant que des guerres de robots, déclarées par des robots décideront de la répartition du fruit de leur travail.
Drone de guerre !

DRH :
Acronyme lénifiant qui peut se développer ainsi : Dé Herr Hash.
Dé, pour la connotation poétique qui évoque le vers de Mallarmé : »Un coup de dé jamais n’abolira le hasard » ; Herr, pour la rigueur germanique ; Hash , pour le fun.
Notre société évolue. Après les ressources agricoles, minières, halieutiques…l’espèce humaine devient à son tour une ressource dans laquelle puise le DRH. L’écologie nous enseigne à ne pas épuiser les ressources naturelles. Le DRH veille à ne pas épuiser les ressources humaines. Après les fermes agricoles, aquacoles, des fermes humaines ?
DRH, poésie des chiffres, rigueur du travail, fun des actionnaires.

Ecologistes:
Les écologistes sont plus poilus que la moyenne.
Cette découverte a été faite à l'occasion des rencontres écologistes européennes de Prague, en 2006.
Les communications des différents intervenants avaient été filmées à des fins de vulgarisa-tion. Lors du montage en laboratoire, les techniciens constatèrent avec amusement d'abord, intérêt ensuite, que les messieurs portaient la moustache et souvent la barbe; que les femmes présentaient une chevelure longue, abondante et un léger duvet sur le visage.
Ils communiquèrent leurs remarques aux responsables écologistes.
Une étude fut menée par le laboratoire européen de biopilosité.Les constatations des techniciens furent confirmées.
Une question importante subsiste: devient-on écologiste parce qu'on est naturellement doté d'un système pileux particulièrement développé, ,ou bien les poils poussent-ils de façon plus abondante après qu'on s'est déclaré écologiste ( et donc partisan de la protection la plus naturelle contre le froid) ?

Paul. On retrouve quotidiennement les articles de ton dico avec plaisir. Encore pour ces envois roboratifs.

Economique:
Tout ce qui est d’ordre économique se paie cher.
Ecriture:
Noir sur blanc. Les mots mis net sur le papier. L’ivresse du vocabulaire. Le lexique sans terme. L’imagination sans faim, juste pour le plaisir. Les mots scions, agençons des saillies pour un résultat qui défie le temps, car l’écrit dure (et les verba volent). Sur le saint axe de la ligne enfilons des caractères qui feront signe. L’accolade excusera le renvoi, l’accent grave fera oublier la légèreté de l’accent aigu. L’épître provoquera le sourire, le pitre bafouillera en la lisant. Tout un programme.

Effriter:
Peut-on effriter la pomme de terre comme on effeuille la marguerite ?

Egoïste:“Un égoïste est quelqu’un qui ne pense pas à moi.” (in Maurice Roche).
Egypte:
_ Pourquoi la civilisation égyptienne de l’antiquité, si riche, déclina-t-elle?
_ Parce qu’elle était sans perspective.
Election:
Pourquoi le peuple juif est-il le peuple élu ?
_ Réponse corse: parce que les urnes étaient bourrées.
_ Réponse continentale: parce que l’abstentionnisme a toujours existé.
_ Réponse suisse: parce qu’une votation con fait des râles.

Escargot:
Il en bave pour nous.
Rendez-vous compte! Il a beau avoir l’estomac dans les talons, il ne se précipite vers les feuilles de salade qu’au ralenti. Il se force aussi à baver en permanence afin de lubrifier la surface sur laquelle il se déplace.
Pourquoi cette vie d’efforts ?
Afin de préserver l’unique semelle sur laquelle il avance et que nous consommons avec délices.
Imaginez en effet un escargot sprintant sur sol sec, freinant, accélérant.
Cette fameuse semelle chaufferait, se dessècherait, durcirait, et deviendrait du béton.
Fini les escargots au réveillon.
Dégusteriez-vous une Nike, une Adidas ou tout autre marque avec du beurre persillé ?



Esclavage:
Aliénation de l’Homme par l’Homme. Le fou est son propre esclave (Dans ce cas , qui n’est pas fou?).
Espace :
L’Homme existe dans l’espace qui sépare et relie la réalité et sa représentation grâce au langage, au geste créateur, à la réflexion, au doute, à l’espoir, à la sensibilité, aux sentiments….
Ce même espace qui relie la sexualité et sa représentation personnelle, intime, c’est l’érotisme ; l’humour consiste en un espace, un décalage entre la réalité et sa formulation intellectuelle et sensible.
Quand la marge remplace l’espace, l’homme se contente de vivre, dans un monde commerçant, avec une marge de bénéfice. Il vit sur sa marge, laissant les autres à la marge. Marge ou crève !
Quand transformera-t-on le « Qui vive ? » en « Qui existe ? ».

La cuvée du jour: un grand cru!

Etasuniens:
Nom véritable des habitants des Etats Unis d’Amérique qui se sont abusivement et impérialistement donné le nom d’Américains.

(S’)Eteindre:
Disparaître, décéder, mourir.
“Etre allumé”: être dérangé, zinzin, fou.
Conclusion: vie et folie sont synonymes